MAGNOLIA DES CAZES D’AUBAIS
SIECLE 20
Œuvre intégrale poétique
1982 – 2000
SECONDE EDITION REVUE
ET CORRIGEE
http://SIECLE20.blogspot.com/
© Magnolia Des Cazes d’Aubais
Tous droits réservés.
En guise de préface :
BLEU DES ESPOIRS
[A Magnolia ]
Bleu désespoir
Je m'inscris en faux
Sur le coin d'une table de café
Journal froissé
La "despé rondelle"
Avait un goût amer
"Je t'en offrirai un autre"
M'as tu dis doucement
Ta tendresse me submerge
Tu tentes l'apaisement
"Ce n'était qu'un objet"
Mais je sais que tu sais
Le pouvoir des objets parfois.
Bleu désespoir
Je m'inscris en faux
Sur le coin d'une table de café
Je t'aime à contrario de tout,
De tous,
Je t'aime
Comme le muguet encore vert
Des anciennes douves
De ton château du Ségala,
Le muguet de la tour de garde,
De la tour de la demoiselle
Que j'aurais délivrée
Un soir de Moyen-Age
Risquant la porte de gibet
Pour tes yeux irisés
Couleur de mousse de printemps.
Bleu des espoirs
Je m'inscris en vrai
Sur le coin d'une table de café
Demain
Je laisserai glisser ma plume
Sur la douceur immaculée d'un Ingre vierge
Tu guideras mon trait
Bleu des espoirs
Je m'inscris en vrai
Sur le coin d'une table de café.
Sophie OLIVIA, Avril 1998.
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A CONTRE PLUME
LIVRET 1
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MEA CULPA
Je n'en suis qu'aux balbutiements effilochés
Je titube parfois
Surprise par un nectar meilleur
Poivre et miel sur la langue
Je recherche la saveur
Pour butiner enfin un pollen de qualité
Et n'avoir plus à sucer en vain
Les noyaux des saisons stériles.
BOUCANIER
Ancré dans le port Rutebeuf
Parmi les brisants
Quitter le mouillage
Sans alibi ni camisole
Passer le cap arborescent
Vers l'arrière-fond.
ATTENTION : CHIEN MECHANT
Le hululement de la chouette
Coincé dans ma gorge
J'avance à reculons
Je me perds dans la rime
Stupide Valeur-Sûre
Je m'égare sur un chemin
Qui n'est pas le mien
Barrières à défoncer
La rature entre les dents
Au diable tous les calques
Gardez vos colliers à loups
Vos squelettes inutiles
En guise d'éclat de rire
Je veux m'écrire
Trouver ma force de frappe
Des mots bons à recevoir
Les larmes au bord du cœur.
I.V.G.
Un signe des critiques
Et il est parti
Il est parti vers le bûcher
L'enfant que personne n'a aimé
Que personne n'aimera.
Un signe des banquiers
Et il est parti
Il est parti vers la soupe populaire
L'artiste maudit
Que personne n'a aidé
Que personne n'aidera.
Interruption Volontaire de Gloire
Ou inquisition artistique?…
DE L'ART OU DU COCHON
Laissant à d'autres le soin de disséquer
La césure, la rime et le nombre de pieds
Ainsi que celui de décider
Ce qui fait un bon ou un mauvais poème
Et quels sont les sujets autorisés,
Quatre litres d'encre dans les veines
Avec la révolte ou la tendresse de l'instant
Pour seule et unique Muse,
J'écris à cœur ouvert
Me moquant bien des cerbères littéraires
Mafiosi qui cumulent les fonctions
De Lecteurs et Directeurs de Collections
De diverses maisons d'éditions
Seuls habilités, semble-t-il,
A donner une définition de l'ART,
Mais que leurs critiques, bonnes ou mauvaises,
Dont ils ont su s'assurer le monopole,
Ne conduiront pas forcément tous au Panthéon.
Chroniqueur des temps modernes
Plus témoin d'une époque
Que poète inspiré par les Dieux
Je revendique le Droit
D'exprimer toute sensation, opinion,
Pensée furtive ou conviction
En poésie, moyen d'expression sans tabou
Au même titre que les autres,
Refusant par là même de me limiter
Tant dans le choix des thèmes
Que dans la façon de les aborder.
Mais, qu'on se rassure!
Je ne prétends pas à la gloire,
Pas même à titre posthume.
GRAINE DE CLODO
Les poches éternellement percées
Les savates battant le pavé
J'attends mon heure
Maudit poète qui s'entête
Graine de clodo
Qui cherche en vain sa pitance
Dans les poubelles de l'idéal.
ET BIEN, PAYEZ MAINTENANT!
Couronné à l'aurore
Déchu avant la fin du jour
Bouté hors de son royaume étoilé
Par la dure loi du salaire
Et des fins de mois impossibles
Poète maudit
Recherche désespérément Mécène
Pour s'offrir le luxe
De faire enfin œuvre inutile
Loin des mots aigres-doux
De son Banquier Non Prêteur
Qui ne lui pardonne pas
De ne pas avoir de dents en or
Sur lesquelles il pourrait spéculer.
PEAGE
Modeler la pâte de ma vie
Sans recevoir l'obole d'un oui
Trop lourd tribu à payer
Aux myopes à courte vue
Banalité
Conformisme
Petite vie sans histoire
Rançon rassurante
De l'otage Liberté.
PAVILLON
Ma place à l'ombre
Réchauffée par la certitude
Laisser l'élite se pavaner
Et barricader ses portes
Inconnue du soleil
Mais reine de la nuit
Citoyenne majoritaire
Du silence imposé
M'offrir le luxe
D'être simplement
Moi-même!
LE MOT JUSTE
Le vent sirocco
Emporte les mots
Loin de nos bouches
Cordes vocales cassées
Aphonie des verbeux
Le vent sirocco
Balaie le vieux monde
Mont de Piété
De la beauté fanée
Les cœurs s'enroulent
Autour d'une clef de Sol
Musique-Espéranto.
JARDIN SECRET
Ils écrivent dans l'ombre,
Création solitaire,
Poèmes qu'ils enterrent
Au fond de leurs tiroirs,
N'osant les exposer
A la lumière
De peur qu'ils en pâlissent,
N'osant les faire lire
De crainte d'un sourire,
Pudeur d'artiste…
Gennevilliers, 1992.
J'AURAIS VOULU…
Dire un arc-en-ciel
Peindre un chant d'oiseau
Ecrire le silence
Me taire
Et de tout cela
Faire l'impossible poème.
TOILE DE FOND
J'écris comme on se perd
Sans boussole
Par une nuit sans étoile
Le penseur de Rodin
Me fait un bras d'honneur
Et souffle dans mon dos :
Araignée qui a cassé son fil
Pour quoi ces mots
Que tu rattrapes au vol?
Peintre aux yeux éteints
Pour qui ces mots
Que tu relances en l'air?
Brume dans ma tête
Où vais-je?
A trop vouloir démontrer
L'impossible possible
A trop vouloir m'envoler
Je vais finir dans un placard
Dossier poussiéreux
Soupesé, étiqueté,
Matricule tatoué dans la pupilles des autres
Affaire classée!
Taurines, 1983.
Trop lourde à porter,
Je ploie sous le poids
D'une légende usurpée.
Je ne suis pas
Ce que tu crois :
Ni héros, ni zéro,
Juste moi.
Rodez, 1er Août 1998.
MOTS CLEFS
Pourquoi ces lignes?
Parce que j'aime les mots et leur musique
Qui osent tout dire
Même si écrire, c'est toujours s'exposer
Comme dans un sanglot, ou un éclat de rire brisé
Mais, est-ce là le secret du talent?
Pourquoi ne pas aimer,
Oser tout dire,
L'écrire,
S'exposer
Comme dans un sanglot
Où cet éclat de rire brisé?
Rodez, 18 Septembre 1998.
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GRAINE D'HOMME
LIVRET 2
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L'ECRIVAIN PUBLIC
Dans la Cour des Miracles
Eternel bidonville
Je façonne des mots
Pour que l'Enfance
Joue au cerceau
Loin du chant des poubelles.
OFFRE D'ESPOIR
Bon petit diable
Cherche désespérément
Parents en peluche
Pour faire pousser
Les racines de l'amour.
Trop sérieux s'abstenir…
PETITE MERE
Petite dame à la robe bleu ciel
Agenouillée sur une chaise
Un canevas de roses
Sur le mur derrière toi
Egrenant ton rosaire
En me fixant obstinément de tes yeux clairs
Que me voulais-tu?
Pourquoi te taisais-tu?
Pour qui était donc
Cette petite prière?
Pour l'enterrement de ta sœur
Ou pour ta fille abandonnée?
Pour ta fille retrouvée
Qui ne t'a pas reconnue
Menacée dans sa raison
Pouvais-tu encore la sauver?
Petite mère, pas si folle
Tendresse ridée
Amour aux cheveux blancs
Toi seule pouvait me comprendre.
A CONTRE COEUR
Dès le premier guillemet
Le plus près du premier cri
Ils ont cassé l'enfant
Jouet trop fragile
Pour des haines d'adultes.
Lorsque le point final
Tombera sans suspension
Les pleureuses viendront
Encenser de larmes
Ce sevré d'éclats de rire.
NOEL NOIR
Lointaine odeur
D'enfance putréfiée
L'oubli déserte les rangs
Un jour par an
Sombre anniversaire
Dans tes veines
Coulait le sang de la vigne
Noël triste
A l'haleine fétide
Squelette de fête
A l'ossature trop fragile.
Demain, déjà,
Le cœur entre deux béquilles
Tu apprendras la boue
Grave chagrin de cerf-volant
Graine d'Homme
Qui croit encore
Les cœurs plus grands que l'azur.
ANTIPODES
L'homme cerf-volant
Arpente les étoiles
Le Monde accroché à ses pas.
Le Petit Prince du Sahel
Damné moderne de l'enfer
Consulte le catalogue
Des terres arables
Un papillon dans son assiette.
PETITE FILLE
Etre chaque matin
Un nouveau rêve…
Amazone des nuages
Elle voulait être…
Banc public!
Pour mieux entendre
Et garder vos secrets
Ile dans l'océan humain
Un oiseau niche dans son cœur.
ECHEC AU PERE NOEL
Sous l'arbre
Une poupée dernier cri
Cigale abandonnée
Dehors,
L'enfant-fourmi
Apprivoise les cailloux
Qui poussent dans sa rue
Du haut de son nuage
Le grand chaperon rouge
Maudit sa longue barbe.
BRIMADES
Fragile chrysalide
Qu'étouffe l'éternel :
Qu'est-ce qu'on dit?!
Tu rentres dans le moule
Poli par les grands
Tu désapprends le rêve
Des larmes plein le cœur…
Petit, crois-moi,
Un jour
Tu seras papillon!
CHARADE
Camarade le père
Gouvernement la mère
Avenir la petite sœur
A dit le premier;
Dans la nuit
Appelle un petit homme :
Camarade
Réveille le Gouvernement
L'Avenir est dans la merde!
QUESTION SUBSIDIAIRE
Aigle :
Oiseau carnivore
Qui peut manger
Un agneau entier,
Affirme l'adulte…
Mais, demande l'enfant,
En combien de bouchées?
SCHOOL? COOL!
Tous des cancres
De l'imaginaire
De la spontanéité
De l'amour, parfois,
Sauf l'Enfance
Première de la classe
Dans toutes ces matières.
Au coin, les mains sur la tête
Le bonnet d'âne rêve encore
De coups de règle sur les doigts.
REVERIE
Toute spontanéité gommée
Echelle des valeurs avalée
Fascination de l'inné…
A quand le siècle tardif
Des Enfants-Rois?
LETTRE AU FILS DE L'AN 2000
Je n'écrivais
Qu'à Rueil-Malmaison,
Tu enverras tes messages
Aux écoliers de la planète rouge.
Plus tard,
Tu iras passer tes soirées
Dans une discothèque cotée
Quelque part sur Mars.
Tes promenades dominicales
Te mèneront au bord
Des cratères de la Lune
Tu y tomberas peut-être un jour…
Le musée d'Ariane
Te fera sourire
Au retour d'un voyage
Touristique extraterrestre.
Soir ou matin,
Tu prendras ton vaisseau spatial
Pour aller travailler
Dans une station orbitale.
Tu te plieras aux décisions
Des Ministres-Ordinateurs
Et craindras les nouveaux truands
Qui pirateront les fichiers informatiques.
Monsieur Météo te livrera le soleil à domicile
Sur simple demande en trois exemplaires
Et si ton voisin n'est pas d'accord :
Comme moi, tu le traiteras de con!
Tu choisiras le sexe de ton fils
Il naîtra dans l'espace
On te le reproduira en série :
L'original aura ses propres pièces de rechange!
Quelque part
Dans un laboratoire en orbite
Tu inventeras le cœur artificiel
Qui fonctionnera à l'énergie nucléaire!
Tu grefferas des cerveaux
Et vaincras le cancer
Mais je mourrai pourtant
D'une petite grippe…
Toi, tu te drogueras jusqu'à cent-vingt ans au moins!
Pour ton fils, tu arrêteras l'horloge biologique:
Il aura toujours trente ans
Jamais de cheveux blancs.
Mais, jamais d'enfant non plus… Surpopulation oblige!
Sans doute s'ennuiera-t-il un peu, dans quelques siècles
Et, qui sait? Peut-être écrira-t-il comme moi:
Dans le fond, c'est lassant l'immortalité!
Aurelle-Verlac, 10 Mai 1986.
LES SOLDATS DE PLOMB
Bruit d'apocalypse
Pour unique berceuse
Moisson de ruines
Pour unique arc-en-ciel
Liban, Israël ou Iran
Thermomètres fous de l'humanité
Le souffle des bombes
Ebouriffe ton espoir
Adultes démoniaques!
Petit
Ils t'ont volé le soleil.
A L'ENFANT QUE JE N'AURAI PAS
Le sang de l'Aubrac
Et le sang du Gitan
Se rejoignent en toi
Pour ne plus faire qu'un.
De lui, tu as le sens du voyage
De moi les racines profondes
Mais mon esprit d'aventure
Fais de toi un Homme libre.
Sarah, la Vierge Noire
Te protège
Comme ton père
Le grand voyageur
Qui reprend toujours son chemin
Avec ou sans roulotte
Manouche avant tout.
Rodez, 23 décembre 1993.
PASSE PRESENT
L'histoire de mes ancêtres
Se poursuit dans mes veines.
Leur enfance écartelée
Eclate dans ma tête,
Déchiquetée.
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
La recherche
Livre enfin ses secrets.
Sous le sceau d'un faux nom,
Reste la marque
Indélébile
Identité…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Nous partageons
La même souffrance :
Celle que tu portes,
Celle qui m'emporte…
Faible et solide,
Forte et fragile,
Victimes des guerriers,
Femmes parmi les hommes
Je vous aime.
Sète, 17 Janvier 1996.
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SIECLE 20
LIVRET 3
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TERRE A TERRE
De jours en nuits
Soleil errant
De nuits en jours
Lune vagabonde
Terre instable
Horloge de nos vies
Mère du temps
Tu accouches à perpétuité
De secondes qui se donnent la main
Et impriment l'urgence.
LABYRINTHE
Racines coupées
Fil d'Ariane rompu
Source perdue
Marécage de l'évolution
Eau vitale
A jamais viciée
Méandres de la vie moderne
Savoir essentiel
Aujourd'hui insensé
Tradition.
STOP-FICTION
Embarquement incertain
Carte chat ou carte chien?
Composteur boulimique
Quel quai, quel train?
Vers quelle nation?
Baskets révolution :
Un pouce sur le bitume
Destination Demain.
FAIT DIVERS
Glas qui sonne dans ton cœur
Flaque de sang boueuse
Eclats de ta jeunesse
Brisée sur le bitume
Vitesse enclenchée vers l'au-delà
La prudence avec toi
L'imprudence face à toi
Chien qui hurle à la vie
Il est déjà trop tard
Simple constat d'impuissance
Mourir dans son bon droit
N'a jamais ressuscité personne.
EXIL
Regard vide
Mains moites
Course effrénée
Paris-Strasbourg
Des ans modernes
Juste le temps
D'être indifférent
A tout
A tous
Ville tentaculaire
Ramifications
A perte de rues
Galaxie de lumière
Guide de fortune
Qui vient frapper
Les trois coups fatidiques
A la porte du rural
Pour mieux le perdre
Le nier le broyer
Anonyme
Sans attaches
Sans racines
Négatif du positif
Avenir de carte postale.
A.N.P.E.
Chemin sans issue
Tunnel à ciel ouvert
Ciel cul-de-sac
Pas de pancarte ni de code de la route
Lueur diffuse
Jouer le jeu
Ou se cogner la tête contre les murs
Les crocs de l'absurde mordent dans ma chair
Fermer les yeux ou se les arracher
Même impuissance
Même incontinence de désespoir
Fièvre intense
Moiteur intérieure
Errance sans fin
Créneau impossible
Inutilité de l'individu
Vue cosmique ou sentiment poussiéreux
S'en sortir seul
Ou grâce à la charité publique
Combien d'inscrits aujourd'hui
A l'Agence Nationale Pour l'Espoir?
RENCONTRE TROIS ETOILES
Rictus de damné
Baiser de caméléon
L'aveu du muet
Pour toute conversation
Incendie d'étoiles cuivrées
Pour chien trop bien dressé
Poulie des beaux jours rouillée
Trop vernie, trop fardée.
CENTRE VILLE
Marée humaine impassible
Corps à corps de l'indifférence
Le gong sonne le rappel
Sandwich humain
Perdue sur le ring
Elle cherche son chemin
Arbitre improvisé
Je quête avec elle
L'obole d'un regard
Combat perdu d'avance
Envie de jeter les gants
Un droit en plein espoir.
NE PAS DERANGER
Les dealers rasent les murs
Graffitis à la poudre blanche
Dans l'impasse
Lumière dans son nombril
La ville titube
Feint encore d'ignorer
Le tatouage qui dérange
Le gosse sans regret
Ecroulé dans les poubelles
Une nuit d'overdose.
VADE METRO!
La ville et ses attraits
Me laisse toujours désemparée,
Lorsque s'ébranle le métro
Vers le boulot ou le dodo
Je pense à toi et à cette journée
Une de plus perdue
Exilée loin de toi,
Et, tous ces gens qui me bousculent,
Rêvent eux aussi d'autre chose
D'une vraie vie enfin!
D'un travail qui n'en serait pas un
Un de ceux que l'on ferait par passion,
De petits chefs aux grands cœurs
Plus copain désormais que rouleaux compresseur,
De patrons ayant enfin le temps
De leur demander leur avis,
De prendre de leurs nouvelles,
De s'apercevoir qu'ils existent!
Mais, aujourd'hui encore,
Serrés dans leurs petits costumes sombres
Garnis d'un jolie cravate
On les dirait partis pour un enterrement :
Celui de leurs rêves, de leurs idéaux,
De la vie qu'ils ont dans la tête,
A qui la faute si le sourire et la bonne humeur
Ne sont pas du voyage?
A celui qui a remplacé
Le pain par de l'argent,
Les toits de chaume par des tours de verre,
Les sentiers ombragés par le goudron des cités,
Une vie entière au soleil
Par cinq semaines de vacances annuelles?
A tout le monde et à personne sans doute,
Qu'importe d'ailleurs?
Puisque aujourd'hui encore
Des millions de citadins, vrais ou faux,
Vont devoir vivre une vie métallisée
Aussi savoureuse que celle de robots
Qu'on jettera dès qu'ils ne seront plus rentables
Après leur avoir pris les quelques boulons dorés
Encore bons qu'il leur restait
Pour les donner à d'autres un peu rouillés
Mais pas encore bons pour la casse.
La ville et ses attraits
Me laisse décidément tout à fait désemparée.
Paris, 1991.
ROCAILLE
Brûler ma peau
A l'ombre de ton chœur
Etancher ma soif de toi
D'une larme de basalte
Chapelle aux abois
Grandeur en lambeaux
Belle d'une beauté sauvage
Avec pour seule parure
Buissons et genêts
Couper les ailes
De ton Saint déserteur
Flambeau de l'espoir urbain
Eclaireur du sillon vide
Nature païenne papesse
Volcan de tendresse
Aurelle, village lové
Au creux de l'abandon.
Nasbinals, le 17 mai 1984.
LE VIOLON DESACCORDE
Jeunesse bafouée
Retrouvée nue au soleil levant
Gorge serrée
Dans l'étau de la haine
Œil crevé
Par l'aiguillon de la peur
Souffle gelé
Dans la froideur de la nuit
Cœur fêlé
Zébré par la rosée du matin
Enlacé par la terre
Un tremblement te ravage encore
Corps cassé
Par l'accouplement insensé.
HERESIE
J'ai vu les femmes au pays des Mings
J'ai relu Pearl Buck
J'ai vu les femmes au pays des samouraïs
J'ai évoqué Gautama le Bouddha
J'ai vu les femmes au pays des tam-tams
J'ai évoqué Martin Luther-King
J'ai vu les femmes au pays des Mahârâdjahs
J'ai prié le Mahâtma Gandhi
J'ai vu les femmes au pays des Soviets
J'ai imploré Louise la Rouge
J'ai vu des femmes au pays des Tchadors
J'ai béni George Sand
Le M.L.F. a défilé sous mes fenêtres
Je n'ai pensé qu'aux brebis de Panurge.
ECCE HOMO
Un soir d'été
Les vautours bien pensant
Ont surgi de l'ombre,
Sont venus
Frapper à sa porte
Et l'ont emmené.
Quand on l'a retrouvé
C'était nu et sans vie
Dans le bois de Vincennes.
Ils ne lui avaient pas pardonné
Ses amitiés particulières,
Ses bénédictions pour la vie
De couples différents.
Après l'avoir enlevé,
Ils l'avaient jugé hâtivement,
Condamné et exécuté
Au nom de leur morale.
A ce jour,
Ils courent toujours
Libres et impunis,
Mais prenez garde qu'un jour,
Ou plutôt une nuit,
Ils ne profitent de la pénombre
Pour vous emmener à votre tour
Peut-être, alors,
Vous souviendrez-vous
De Joseph Doucé
Pasteur Protestant
Et homosexuel,
Coupable d'avoir défendu
Notre Droit à la Différence.
DERNIERE VOLONTE
Ils ont chuchoté derrière moi
J'ai pas courbé le dos
Ils m'ont montré du doigt
J'ai pas détourné les yeux
Ils m'ont insulté
J'ai pas dit un mot
Ils m'ont craché au visage
J'ai pas baissé la tête
Ils m'y ont obligée!
Et le bourreau me l'a coupée.
SEPTIEME ENFER
Rez-de-chaussée
Je vous aime
Premier étage
Le vieux sort les poubelles
Second
Le bébé pleure
Troisième
Le chien sort son aveugle
Quatrième
La prostituée part au bureau
Cinquième
Le loulou caresse son cran d'arrêt
Sixième
Cri de femme
Septième
Terminus de la tendresse
Je me sens seule.
Toulouse, 1985.
BAIN DE MINUIT
La lune rousse
Baigne ses rondeurs
Dans mon verre étoilé
Reflet indécent de la nuit.
Le soleil, maudit voyeur,
Le ciel-jalousie
Vont-ils aussi y tomber?
J'écrase ma gauloise.
RAPPEL
[A Lucie, Sarah et Florence Chasseloup]
Jusqu'au bout de ta nuit,
Jusqu'au bout de ta vie,
Reste fidèle à ta devise.
Quels que soient les courants,
D'où que soufflent les vents,
Respire et avance,
Même s'il te portent,
Même s'ils m'emportent,
N'essaie pas de paraître
Jusqu'au bout "SOIS-TOI!"
Les Peyrières, le 31 juillet 1998.
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MEMOIRES D'UN FANTOME AMNESIQUE
LIVRET 4
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NAUSEE
Vieux clichés jaunis
A nouveau enterrés
Dans la boîte à oubli
Tu retrempes ta plume
Dans l'encrier
De la haine extrémiste
Pour écrire les mémoires
D'un fantôme amnésique.
CARTE DE PARTI PRIS
Tapage nocturne
Le grand méchant loup cynique
Hurle à l'oubli
Au fond de sa tanière
Désabusé
Un porte-cartes entre les dents
Le vieil animal contestataire
Adhère et les composte toutes
Acide chlorhydrique
Plein les crocs.
LAPALISSADE
Carte de partis pris
Entre les dents
Héros menteurs
De droite ou de gauche
Tous incendient le blé
Et dénoncent d'un doigt sûr
Les friches du voisin
Conscience politique
Ou conscience tout court
Valeurs inconciliables?
Homme n'as-tu donc pas
Toi aussi le cœur à gauche?
LE BUCHER D'EPINES
Hurler à la pleine lune
Une épine dans le cœur
Ou minuter le silence
D'une galaxie désabusée
Même impuissance
Toutes ces vies qu'on rature
Sur le bûcher de l'indifférence.
POUR LES SIECLES DES SIECLES
Avec drapeau et certitude
L'arme à la paupière
L'Homme part en guerre
Tache d'encre sur le cœur.
Sans badge ni slogan
Un buvard sur la haine
Refuser, encore,
L'assiette anglaise atomisée.
BOMBE H
Duel à mort
Au vingtième étage
Sans pitié ni remords
Juste rage
Graine de la haine
Qui poussa paisible
Par temps de sécheresse
L'horizon flambe
Au creux de tes yeux
Folle bombe humaine.
LA DERNIERE CHASSE
Partir la fleur au fusil
Revenir l'espoir gazé
Coquelicot à la tempe
Avant le troisième cri du cor
Les chiens hurlent déjà à la mort
Europe aux abois
Mobiliser biches et chasseurs
Au ministère de la paix
Bâtir la fin d'un monde
Porte claquée
Au siècle des hécatombes.
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AINSI SOIS-JE
LIVRET 5
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ERRANCE
Fatigue intense
Le masque anonyme
Se profile devant mes yeux
Avenir sans visage
Rivière tortueuse
Qui m'éloigne de ma source
Chemin rocailleux
Que je parcours nu-pieds
Sans savoir où je vais
Inébranlable incertitude.
COLIN-MAILLARD
Les yeux bandés
Avancer à tâtons
Fou du roi ridicule
Jouer le jeu
Sans en connaître les règles
Aveugle sans guide sûr
Se cogner sans cesse
Aux portes de l'imaginaire
Parcours du combattant
Recherche de la lumière
Destinée humaine
Insondable mystère.
MARECAGE
Monde bizarre et sans horizon
S'adapter
Sans but et sans espoir
Rêver, pourtant, de lumière
Rêver, encore, de hauteurs
Comme une obsession
Comme un appel
Vaincre la tristesse et la désolation
Ne pas être qu'une ombre
Dans le fond des eaux noires.
L'ABONNE ABSENT
Hier
J'ai quitté l'aube
Dieu était invité à la cérémonie
Il s'est fait excuser
Pour incapacité divine
A ne faire que le beau temps.
AINSI SOIT-IL!
Adieu la Gueuse
Je t'aimais bien,
Mais quelque part en moi
Un lointain écho de spiritualité
N'en finit pas de renaître
Ricochet de caillou
A la surface d'un océan souterrain
Ma vie matérialiste
Tente de l'étouffer en vain.
Loin des fanatismes religieux
Et de leur esprit malsain,
Loin des illuminés qu'on canonise
Des marchands du Temple
Aux poches toujours aussi rebondies,
Des serviteurs du culte
A la foi cirrhosée,
Des scientifiques l'œillère à la boutonnière,
Des guérisseurs improvisés
A l'ignorance inguérissable,
Loin des catASTROLOGUES, graphologues,
Marabouts, magiSAINTS,
Loin des voyeurs non-voyants
Au crâne plus fêlé que leur boule de cristal,
Loin des charlatans de tous bords
La cloche tibétaine impassible
Sonne le rappel des réincarnés.
ALLER SIMPLE
Identité revendiquée
Refuser le retour
Au ventre de la mère
Fille d'un père illuminé
Unique certitude
Monter au ciel
Sillon de fumée
Cendres dédiées aux vivants
Etincelle plutôt que glaçon
Refuser le retour
Au ventre de la terre.
NUIT SANS ETOILE
Le barrage de ma mémoire
Craque de toute part
C'est la marée noire
Du passé présent
Brèche à l'arrière
Pas de canot à l'avant
Eclat de vivre brisé
Je sors de l'ornière
Demain il sera trop tard
Pourtant je sais.
CRISE DE FOI
Déchirant la nuit
Marchant vers son destin
L'enfant-roi fugueur
Adresse sa prière aux étoiles
Ses pas le portent
Vers le cimetière
Et la petite église
Dont la lourde porte
Est fermée à double tour
Dès que la messe est terminée
Dieu n'aurait-il pas le sens de l'hospitalité?
Cayssiols, le 5 juin 1993.
LES DERNIERS DU CULTE
Les curés de paroisse
Tendent la main
A chaque messe
Comptent chaque année
Les deniers du culte
Font payer leurs services
Du baptême à l'enterrement
Demandent l'obole
Chaque jour que Dieu fait
Au nom du trésor du Vatican
Tels des seigneurs féodaux
Mendiants qui s'ignorent
Nouveaux marchands du temple
Qui trahissent le Christ
Que personne
N'a jamais vu faire la manche.
Cayssiols, le 5 juin 1993.
L'HOMME QUI A 2000 ANS
Solitude
D'une nuit de noël
L'amour et l'amitié
Ont déserté mon navire.
Messe de minuit
Réveillon en famille
Attentions et cadeaux
Ne sont pas pour moi.
Ami,
Ne sais-tu donc pas
Que le Christ
N'est pas né en décembre
Mais en avril
En l'an moins sept?
Rodez, le 24 décembre 1993.
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BLESSURES
LIVRET 6
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J'avance à tâtons
Dans la sombre galerie
Mineur de fond
Qui pressent le grisou.
SCHEESE
Eclat de rire dans tes yeux
Sourire dans ta voix
Espoir sur tes lèvres
Mes clins d'œil à la vie
Tu y crois
Moi pas
Je joue juste.
Derrière des barreaux
Visage de femme…
Accrochées aux barreaux
Mains de femme…
Au delà des barreaux
Cri de femme
Que la folie délivre.
AQUARELLE FUGITIVE
Visage livide
Cernes mauves trop profonds
Sourire-excuse au fond des yeux
Bras de fer avec la fatalité
Gangrène du bonheur en culottes-courtes
Avortement de l'espoir
Embryon trop fragile.
Albi, 1982.
Cri
Appel anonyme
Bruit-corbillard contre lequel je bute
Compagnon de l'espoir
Aux poches percées
Les chauves-souris
Encerclent ma vie
Et je refuse, encore,
La canne blanche tendue.
DE GARE EN GARE
Albi-Madeleine
Je descends à la prochaine…
Albi-Madeleine
Et si je ne descendais pas à la prochaine?…
Albi, 1982.
TRAIN- FANTOME
De gare en gare
Le train de ma vie cahote
A la recherche du terminus
Eventail d'aiguillages
Déployé devant lui
A l'heure du choix
Ni envie d'avancer
Ni désir d'en rester là
Rails de l'espoir
A jamais rouillés?
Mettre les voiles
Pour un voyage sans fin?
Dérisoire gain de temps
Impossible de noyer mes fantômes
Passagers clandestins
Qui arraisonnent ma vie
Aucun phare dans le brouillard
Le naufrage se dessine
Sur l'invisible horizon
Voie d'eau dans les pupilles
Envie de saborder
Le bateau de moi-même.
Echec à répétition
Sentiment permanent
Inutile fuite en avant
Dérobade au passé-présent.
L'horizon s'est enfui
J'ai mal à la vie
A quoi bon chercher encore?
Comprendre l'incompréhensible?
Imposteur
Faux sauveur démasqué
Le temps coule dans mes veines
Sans cicatriser mes plaies
Eternelle blessure
Impossible amnésie.
Oter mon doigt du bouton atomique
Sortir de mes défenses dérisoires
Serrer la main à mon passé
Bientôt? Jamais?
Je ne sais pas
Je ne sais plus.
Poète de l'angoisse
Et de l'incertitude?
Mais je ne suis pas poète
Juste une angoisse
Une incertitude
Qui tente de s'écrire.
Illusions,
Maudit sillage!
Sortir de l'engrenage :
Vivre libre
Et rester l'unique
Malgré le nombre.
Sète, 7 octobre 1997.
SECRET-SERVICE
Tempête dans ma tête,
Marin à terre
Qui sait
Que personne ne l'attend.
Orage
Qui zèbre ma mémoire
L'éclair d'un souvenir,
La mer à l'envers
Miroir d'un ciel en furie,
Je pense encore à toi…
Les Peyrières, le 31 juillet 1998.
Le regard au fond du cœur
Les balafres silencieuses
Donner le coup de collier interdit
Dormir
Oublier enfin de remonter
Le réveil de l'absurde
Dormir les yeux grands ouverts
Sans peur et sans haine
Le sourire aux lèvres
Déchiqueter sa vie
A grands coups de lame de rasoir
Déchiqueter ma vie
Six longs traits étoilés
Incrustés dans ma chair.
L'alpiniste a décroché
Il y a longtemps déjà
Chute sans fin
Dans un gouffre sans fond
Donner le change
Un piolet entre les dents
Ne pas hurler
Surtout ne pas déranger
Mourir de vivre
Dans le cri du silence.
LE MALHEUR DES UNS
Dent cassé
Sur le noyau de l'espoir
Je maudis le fruit
Que bénit mon dentiste.
EGO
Tu dis Tu
Tu pense Je
Fragile insecte
Qui ne bourdonne
Que pour lui.
Après l'écho de quel mirage
Cours-tu encore?
Quelle illusion
T'a-t-elle embarquée
Dans son maudit sillage?
Je t'appelle dans la nuit
Seul le répondeur automatique
Mesure mon angoisse.
Cramponné à la balustrade
Tenir encore
Tenir toujours
Pour quoi?
Pour qui?
Si tu as envie
De te jeter par une fenêtre
Ouverte ou fermée
Pense à moi
Disent-ils tous…
Si tu as envie
De te jeter par une fenêtre
Ouverte ou fermée
Ne pense pas, ni à eux, ni à moi
Ne pense plus…
Mais ne saute pas sans parachute.
Partir en forêt
Sac-à-dos sur l'épaule
Le laisser sous la pluie
Ame errante qui se perd
Dans le dédale des nuages
Chien en peluche qui gémit
Abandonné sous les intempéries
Jusqu'à ce que la nuit se déchire.
Dans une antichambre
D'hôpital psychiatrique
Ma vie s'endort
Au bureau des objets trouvés
Je cherche encore
Sa raison perdue.
Exorciser le mal de vivre?
Vaine tentative!
Sur mon passeport pour l'oubli
Il manque encore
Le visa du bonheur.
De couloirs ouatés
En couloirs ouatés
Je traîne mon ennui.
Seule la rumeur
Comme un essaim d'abeilles
Bourdonne dans mes oreilles.
DOCTEURS FOUS-FOUS
C'était il y a trois ans
Vous m'aviez enfermée
Idiots-savants
Qui n'aviez pas compris
Que j'ai mal à la vie.
Barricadés derrière vos grands maux
Vous ne parliez pas le silence des mots
Et moi, je ne pouvais plus en prononcer un
Plus croire que je le pourrai à nouveau un jour.
Je me sentais trahie
Même par mes rares amis
Mais "quand le chat m'avait-il mangé la langue?"
Vous demandiez vous inquiets
Et moi je m'obstinais
Rebelle malgré moi
A vos grandes théories,
A vos saintes thérapies,
Traces fraîches d'un crucifix
Juste au dessus de mon lit…
Ma vie n'était pas écrite dans vos livres
Cachés derrière vos lorgnons dorés
Vous m'avez déclarée handicapée
Mes blessures passées, présentes ou à venir
Vous ne les deviniez pas
Car, bien que vos ancêtres aient soigné
Artaud, le poète, ici même
Vos fenêtres à vous n'ont pas de barreaux,
Votre porte
Pas de maton blanc pour la fermer.
Retournée dans le monde,
Loin de vos couloirs ouatés, messieurs les psycons.
Loin des pas calfeutrés des petites mémés
Aux doigts tremblants, au regard apeuré
Qui cherchent en vain un peu de tendresse
Que ne donnent pas vos pilules arc-en-ciel
Ni vos potions ou tisanes amères,
J'ai enfin trouvé
Trouvé celle qui respecte mes silences
Qui pardonne mes délires
Et sait les déchirer d'un baiser
Celle qui ne condamne pas
N'acquitte pas non plus
Puisqu'elle ne juge pas
Et je sais à présent
Que dans ses bras dans son cœur
Est mon unique ASILE.
MOI, ICI ET MAINTENANT?
D'où vient-elle
Qui est-elle
La fille aux yeux
Couleur émeraude?
Cœur silex ou diamant
Comme une autre moi-même
Atout trèfle ou cœur à l'intérieur
Que me veut-elle?
Son regard m'attend toujours
Au détour de ma mémoire
Compagnon fidèle et surprenant
Des bons et mauvais jours.
Elle semble tout savoir de moi
Surtout ce que je préfère taire
Elle guide mes pas de loin en loin
Plus proche de moi que jamais
Et si je m'écroule, si ma raison défaille
Elle seule sait me rendre méfiante
Et confiante à la fois
Jusqu'à l'issue de secours.
LES ILLUSIONS PENDUES
La corde de fil barbelé
S'enroule autour de ton cœur
Perchée sur les lignes téléphoniques
J'ai du vent plein la tête
Et le berger a des larmes
Plein les prunelles.
DEFENSE D'Y VOIR
Des lambeaux de souffrance
Incrustés dans ma mémoire
Refont surface
Malgré moi, malgré tout
Tel un éléphant
Qui ne saurait plus
Où se trouve son cimetière
Debout ou parfois à genoux
Capable de ramper
Comme de me révolter
Sans défense.
Cayssiols, le 18 septembre 1993.
AUX PRISONNIERS DE CAYSSIOLS
Solitudes et souffrances
Qui s'entremêlent
Une larme brûle ta joue
Une lame
Tranche la carotide
De notre malheur.
Cayssiols, le 3 octobre 1993.
Les oiseaux chantent
Dans ta tête,
Le chat fait ses griffes
Sur mon cœur
La déchirure est là.
Gennevilliers, 1992.
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TENDRESSE
LIVRET 7
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MOISSONS
Sillons noirs des mauvais souvenirs
Sillons bleus des jours heureux
Sillons blancs de l'espérance
Sillon gris des nuages
Qui poursuivent leur route
Sillons des jours qui fuient
Sillons de la mémoire
Que recouvre de terre
La charrue de l'oubli.
Taurines, 1983.
SOURIRE D'OUTRE VIE
Larmes séchées
Au soleil de l'absence
L'oubli est là
Passe-muraille inattendu
En habit d'apparat
Couleur
Arc-en-ciel
Larmes taries
Rire à en revivre
De nos serments éternels
Courants d'air éphémères
Le roi est mort?
Vive le roi!
VAGABONDAGE
Ils tracent leur sillon
Bien droit et régulier
Rivière aux nombreux bras
Le mien folâtre
De coups de cœur
En coups de tête
Parcours en forme de nervure
Suivre la charrue de l'imprévu.
BOHEME
Partir encore une fois
Laisser se faner l'amitié
Au soleil torride de l'absence
Appel de l'inconnu
Aimant de fascination
Partir encore une fois
Lépreux de la résignation
Passager clandestin
Du premier train
Pour… Ailleurs!
SERMENTS
Des ombres chinoises
Se profilent derrière les hublots
Envahissent ma mémoire échouée
Le cœur à marée basse.
Les feuillets recouverts d'algues
Un carnet d'adresses
Ancré au corail du passé
Témoigne contre nous.
LOUP AMER
Navire sans attache
Tu tangues au fil des nuits
Cœur en cale sèche
Encre de la passion évaporée
Vague salée sur ta vie
Du cœur de ta jeunesse
Tu pêchais des perles de rêve
Echo d'hier ou de demain
La tendresse ricoche
Et t'atteint en pleine raison.
RUPTURE
Electrocardiogramme plat
Silence aux portes de l'aveu
Impossible de bloquer en haut
Le yo-yo de la tendresse.
C'était au mois de mai
Je ne sais plus quelle année
J'ai fait le chemin à l'envers
Une pensée au revers
Le soleil rayonnait
Dans les champs de colza dorés
Mais, je n'ai pas retrouvé trace
De mes pas à leur place.
Saint-Omer en Chaussée, 1988.
Suis-je revenue
Te croiser dans ce couloir
Où tu m'as reconnue
Ou n'est-ce que mon ombre
Qui t'a abusée?
Suis-je revenue
Poser ma veste sur ce lit
Où tu l'as reconnue
Ou l'avais-je laissée là
Quelques chants d'oiseaux plus tôt?
Briançon, 1987.
L'INCONNUE DU METRO
Qui était-elle la fille
La femme qui pleurait
Cachée derrière des lunettes noires?
Envie de lui sourire
De lui prendre la main
Inexprimable caresse du regard
Jusqu'au fond de sa douleur
Jusqu'au fond de son cœur
Débordant de tant de peine.
Montrouge, le 21 mars 1993.
CHEZ TOI
[A Maria Villaret dite "Mémé de Vieurals"]
Chez toi
L'odeur du café
La marque "Duralex"
Et l'âge qu'on lit
Au fond du verre plein.
Chez toi
Le goût des biscuits périmés
Achetés
Au cas où quelqu'un viendrait
Mais venu trop tard.
Chez toi
Les brindilles qui craquent
Dans l'âtre peint en rouge vif.
Chez toi
Ce bonheur tranquille
Qui ne revivra pas.
Rodez, le 24 décembre 1993.
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TRACES DE TOI
LIVRET 8
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SABLIER
Plume trempée
Dans le creux d'une vague
Serments tracés
Sur le dos d'une plage
Le temps coule entre nos doigts
D'un côté de l'amitié à l'autre
Sur la page du souvenir
La marée monte.
LE DERNIER MOT
Ciels différents
Lendemains différents
Le monde change
Egrène nos parcelles d'amitié
Prisonnières du grand sablier
Et je refuse le mot
Je ne veux pas l'entendre
Difficile
Quand paraît l'aube nouvelle
De tourner la page
Sans y inscrire le dernier.
HIER OU DEMAIN
Amour ou amitié? Qu'importe!
La tendresse est la même…
Aveu étoile filante
Qui revient à ma mémoire
Dans la nuit sans espoir
Dans ma vie sans étoile
Peur de tout quitter
De mêler ma culture à la tienne
Boussole à jamais déréglée
Des mentalités indigènes
Une feuille qui s'envole
Sans promesse de retour
Bateau ivre sans amarre
Juste libre de partir
Une brise d'Algérie
Me ramène ta tendresse
Sans code postal ni timbre
Je marche à contresens de l'oubli.
LES ON DIT
[A Christiane Petit]
Disparue un beau matin
Au bras d'un musicien
Parce que tes parents
N'étaient pas d'accord
Tu as du changer d'horizon
Refaire ta vie depuis
Sans doute troquer ton nom
Vivre sans eux et leur avis
"Le cœur a ses raisons" dit-on
Le tien bat-il encore
Au son de cette musique
Qui t'éclairait de l'intérieur?
Si tu me lis un jour sache
Que je voudrais que ton chemin
Croise le mien
Au moins une autre fois
Si tu m'entends
Reviens me dire
Qui tu es
Et pas ce qu'on en dit.
HISTOIRE SANS PAROLE
Un voile passe
Au creux de tes yeux
Sourire brumeux
Rien à dire
Rien à faire
C'est l'impasse
Avec le silence
Pour seule confidence.
La fenêtre ouverte sur l'avenir
Je t'attends en vain
Je sais que tu ne viendras pas
Mais j'espère quand même
Que sans y être invitée
Tu vas surgir dans mon silence
Jaillir dans ma solitude.
Tu es entrée en gare
Dans mon cœur
Compartiment fumeur
Tu m'écris des mots
Je les lis entre deux métros
Mille petits feux
Brillent dans la nuit
Et je te reconnais
Comme l'amie que j'espérais.
Carte postale,
Texte qu'on lit et relit
Le cœur battant
A en faire pâlir l'encre
Amitié à demi-mot,
Tendresse entre les lignes,
Amour en pointillés…
Nénuphar qui s'entrouvre :
Un seul être me manque
Et c'est TOI…
Gennevilliers, 1992.
ET RECIPROQUEMENT
J'irai te chercher
Jusqu'au bout de ta déprime
Je te tendrai les bras
Et tu t'y blottiras
Ma tendresse
Sèchera tes larmes
Ma douceur
Cicatrisera tes blessures
Ensemble nous irons
Où le vent nous mènera
Sans plus de souffrance
En plein soleil.
Montrouge, le 20 mars 1993.
Marchand de bonheur
Prends tes jambes
A ton cœur
Et fais mieux que moi
Qui n'en connaît pas la définition
Moi qui l'invente
Et le réinvente
Chaque jour
Mirage
Pour lequel j'improvise
Sans jamais l'atteindre.
Montrouge, le 7 mars 1993.
DEDICACE
A vous,
Femmes fragiles
Douces et tendres à la fois
Qui savez si bien m'émouvoir
D'espoirs en désespoirs.
A vous,
Frangines d'un soir
Dont le regard me reste
Comme un sourire complice
Comme une caresse sur la peau.
Montrouge, le 21 mars 1993.
_________________________
PREMIERS AMOURS
LIVRET 9
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Mes initiales
Sont celles de Jean Ferrat
Mes initiales
Sont celles de Jules Ferry
Les tiennes
Sont celles de Mon Amie
Les tiennes
Sont celles de Mon Amour…
DEPUIS TOUJOURS
Tu m'as attendue longtemps
Tu m'as attendue un an
Et tu as trouvé ça long
Moi je t'attends depuis toujours
Et aujourd'hui je trouve ça court.
Toutes griffes dehors
Mon cœur éloignait les importuns
Pour toi il s'est fait velours
Aussi doux que ta peau
Qui frissonne sous mes mains.
A TOI
Respirer ton visage
Caresser ton regard
M'enivrer des battements de ton corps
Suivre les courbes de ton cœur
T'aimer toujours plus fort
T'aimer comme je t'aime.
ET A TOUT LE RESTE…
Ta main dans ma main
Tes yeux dans mes yeux
Ton corps contre mon corps
Ton cœur qui enlace le mien
Ma vie qui embrasse la tienne
Oui à tout ça et à tout le reste!
Je ne sais pas dire
L'amour que j'ai en moi
Je ne sais pas te dire
L'amour que j'ai pour toi.
CES MOTS-LA
Depuis que je te connais
Je t'écris un poème
Je t'écris que je t'aime
Tant que j'écrirai
J'écrirai ces mots-là
Tant que je vivrai
Ils vivront avec moi.
REFRAIN D'AMOUR
La musique parle à nos cœurs
Ce refrain
C'est le tien, c'est le mien…
Lorsque nous serons bien vieilles
Le soir à la chandelle
Nous l'écouterons encore
Avec autant d'émotion
Tendresse ridée
Amour aux cheveux blancs.
"EN POUR" ET TOUT CONTRE TOI…
Du pays de George Sand
Tu es venue…
Avec ton sens de la répartie
D'un ton moqueur,
Un petit sourire ironique
Toujours au coin des lèvres,
Mais un air d'enfant
Pourtant au fond des yeux,
D'enfant toujours un peu perdue
Dans ce monde de Grands,
Les sourcils encore froncés
Sur ton passé…
Et lorsque j'ai desserré,
D'un "je t'aime" à peine murmuré
Tes petits poings d'éternelle rebelle
J'y ai trouvé plus de pépites
Que tous les chercheurs d'or,
Plus de pépites de tendresse
Que mon cœur "made in" Aubrac
N'en avait jamais espéré…
"En pour", je ne peux t'offrir
Que ce que personne n'avait jamais soupçonné
Derrière ma carcasse bien boutonnée
Que toi seule à su apprivoiser.
Lorsque le doute
Ourle mon cœur
Eclat d'étoiles
Au creux de tes pupilles
Ton cœur blessé
Prend la forme
D'une larme fragile
La peur se modèle
Dans tes yeux d'argile
Et j'ai alors la certitude
De mon immense amour pour toi.
MERCI
Ton soleil brille dans ma nuit
Lui seul réchauffe ma vie
Et j'ai soudain vraiment envie
De te dire MERCI…
Merci d'exister
Merci d'être là
Tout contre moi
Et de vouloir y rester.
Plus rien à se dire
Que des mots qui chavirent
On ne sait plus s'aimer
On ne se parle plus assez.
Déjà loin le temps de l'aveu
Plus encore celui des yeux doux
De ton regard éteint, de mes mains mortes
Cherchons ensemble la porte…
Je ne sais plus si tu m'aimes ou me hais
Nos mots, même les plus beaux, semblent fripés
Besoin de prendre du recul, que ton absence
Me saute au visage, lacère notre mur du silence.
De gestes tendres et de mots
Nous voilà moins avares à nouveau
C'est tout et rien, c'est notre amour
Eternel pigeon voyageur enfin de retour.
Que craignent-ils de moi
Exilée dans mon Saint Hélène de pacotille
Que leurs femmes aient de trop beaux yeux
Que leurs maris semblent trop doux
Que leurs enfants suivent mon mauvais exemple?
Qu'ils se rassurent
Je leur laisse leurs différences.
L'AMOUR EN QUESTION
Incompréhension
Peur du qu'en dira-t-on?
Ils ne profanent pas mes silences
Ils ne veulent pas de mon aveu
Alors je vous le demande :
Qu'y a-t-il de si terrible?
Homme ou Femme,
L'amour n'est jamais scandale.
LES NON–DITS
Départ
Sens obligatoire de ma vie…
Tu détournes le regard
Tes larmes coulent dans ton dos
Qu'y a-t-il à cacher?
Un nénuphar
Me bouffe de l'intérieur
Comme dans un bouquin de Boris*
Et je m'enfuie trop vite
Sans oser t'en parler
Qu'y a-t-il à cacher?
Je t'aime
Je persiste
Et je signe
Mais je ne PEUX pas te le dire.
(*): Boris VIAN : "l'écume des jours".
Entre ton cœur
Et le mien
S'interpose le crabe,
Parasite à détruire,
Ecran à crever
Sans l'ombre d'un remords,
Mon amour malade,
Parce qu'il ne doit pas nous vaincre.
Sète, le 11 février 1996.
ETRE L'ENFANT…
Ton corps ondule
Devant moi…
Envie de te toucher
De me lover dans ta chaleur,
Etre l'enfant
Que tu n'auras jamais…
Gennevilliers, 1992.
KOCTAIL
Prise dans l'étreinte
Des deux extrêmes trop proches
Prisonnière de la contradiction
Je ris aux larmes
Et tu pleures aux éclats
Clin d'œil étoile-filante
De mon ennemi le talion
Incertitude
Tu pars brûler tes ailes loin de moi
Douche glacée imprévue
Pour réchauffer mes pieds nus
Je marche sur le toit.
RUPTURE 1993
Trente ans pour toi
Ce fut le premier cheveu blanc
Accompagné des premiers doutes.
Tu m'as dit c'est fini
Je ne t'aime plus
Tu m'as dit c'est fini
Il y a quelqu'un d'autre dans ma vie
J'ai souri et je suis partie
Sans faire aucune histoire.
Sois amoureuse de lui
Sois heureuse avec elle
Mais ne me raye pas de ta vie
Comme une vulgaire passade
Comme un mauvais souvenir
Sois gentille avec lui
Sois tendre avec elle
Et pour moi ne sois pas l'oubli.
Montrouge, le 12 février 1993.
PAPILLON VOLE
Ce même film
Qui nous liait
M'exclue aujourd'hui.
Ma nostalgie
A le goût amer
D'une tragédie à trois sous.
Tu as zappé
De nos deux cœurs
Au tien seul
Oubliant tout
De notre amour
Cocon de tendresse
Et de douceur
Dont tu ne veux plus.
Montrouge, le 6 mars 1993.
Les roses de la Saint-Valentin
S'étiolent dans ma mémoire
Pétales qui s'effeuillent
Tels une marguerite
Jusqu'au verdict final :
Tu ne m'aimes
Passionnément, à la folie,
Plus du tout.
Montrouge, le 6 mars 1993.
De souviens-toi
A oublies tout
Mon cœur balance
Envie de revenir
Ou pas
De me retrouver
Tout contre toi
Ou de m'en éloigner
Définitivement
Je ne sais pas.
Montrouge, le 7 mars 1993.
LE CŒUR S.D.F.
J'erre
De toi à d'autres
Le cœur
Sans domicile fixe
Planète en exil.
Clermont-Ferrand, le 25 novembre 1993.
CIGARETTE
Un paquet de Rothmans vide
Je repense à ce que tu viens de me dire
Trois petits mots
Qui chantent dans ma tête
Enveloppés dans les volutes bleues d'une cigarette
Un "je t'aime"
Qui me redonne confiance.
Rodez, le 19 décembre 1993.
VODKA
Trinquons
A nos amours défuntes
A ces nuits d'amour
Que tu veux oublier
A ces "je t'aime"
Que tu renies
Vodka
Pour toi et pour moi.
Rodez, le 24 décembre 1993.
ET PLUS SI AFFINITES
Poète
Recherche désespérément
Muse
Pour création
Et plus si affinités.
Rodez, le 4 décembre 1993.
L'ULTIME OFFENSE
Ton amitié était sincère, la mienne ne l'était pas.
Je t'ai écris longtemps, effeuillant ainsi nos années,
Tu as ris et pleuré sur mes mots,
Au rythme de nos vies.
Tu le nies aujourd'hui, mais je sais que tu as aimé
Nos instants fragiles, nos complicités faciles.
Le passé m'est témoin
Que ton cœur a vraiment battu avec le mien
Même si, désormais, il triche et se voile
Depuis que d'amitié je t'ai parlé d'amour.
Tu m'as envoyé ta dernière lettre
Gratuite, dure, cruelle et cinglante :
"Je ne t'aime pas,
D'ailleurs, je ne t'ai jamais aimée
Et je ne t'aimerai jamais.
J'ai des enfants, un mari que j'aime,
Je vis avec lui depuis longtemps
Et je n'ai aucune intention
De changer quoi que ce soit à ma vie.
Oublies moi!", t'exclames-tu,
Mais, moi, quand je donne
Je ne reprends pas.
Je t'ai toujours aimée, contre ça tu ne peux rien.
Je me suis tue longtemps, déguisant ce sentiment en amitié,
Si je te l'ai finalement avoué, c'est pour l'exorciser
Non pour forcer ton désir, ni provoquer un adultère.
Bien que mon amour n'ai pas d'écho en toi,
Je ne pensais pas provoquer une telle méprise.
Mon respect pour toi voulait, justement, que je n'exige rien,
Surtout pas que tu changes ta façon d'exister,
Libre et maîtresse avant tout de ta vie,
Parce que c'est ainsi que je t'aime.
"Je ne t'aime pas,
D'ailleurs, je ne t'ai jamais aimée
Et je ne t'aimerai jamais.
J'ai des enfants, un mari que j'aime,
Je vis avec lui depuis longtemps
Et je n'ai aucune intention
De changer quoi que ce soit à ma vie.
Oublies-moi!", t'obstines-tu inlassablement,
Mais moi, quand je donne
Je ne reprends pas.
Ton amitié était sincère, la mienne ne l'était pas.
Tes mots tournent en moi, allumant ma mémoire,
La souffrance est passée, reste l'absence
Et mon cœur ose espérer une suite à notre histoire
Hors d'un lit mais pas hors de ta vie.
Même loin de tes bras, il me reste des éclats de toi
Parce qu'amour et amitié, c'est toujours le verbe aimer
Que nous conjuguons au beau et mauvais temps…
Moi qui ne t'ai jamais rien demandé, je te demande pardon
D'oser t'aimer encore, c'est là mon ultime offense.
Rodez, le 18 septembre 1998.
CONFIDENTIEL
D'un regard
D'un sourire,
Tu as su me séduire
Sans me laisser, pourtant,
L'ombre d'une chance.
Rien ne dure :
Ni nos éclats de rire,
Ni nos larmes,
Seul mon amour pour toi
Persiste et signe,
Encore!
Lorsque je pense à toi,
Mon cœur grelotte.
Seule la flamme verte
Qui brille au creux de tes yeux
Pourrait le réchauffer,
Mais tu m'as tout enlevé,
Même cet unique phare…
Rien ne dure :
Ni nos éclats de rire,
Ni nos larmes,
Seul mon amour pour toi
Persiste et signe,
Encore!
Derrière tes mots
De bonheur,
De douceur,
Tu te réfugies,
Mais je te sais perdue
Depuis longtemps…
Rien ne dure :
Ni nos éclats de rire,
Ni nos larmes,
Seul mon amour pour toi
Persiste et signe,
Encore!
Ce regard d'enfant
Qui te scrute,
Qui t'étudie,
Qui te juge,
Crois-tu vraiment
Qu'il te dira merci,
Lui qui, déjà, ne croit plus en toi?
Rien ne dure :
Ni nos éclats de rire,
Ni nos larmes,
Seul mon amour pour toi
Persiste et signe,
Encore!
Tu voudrais gommer
L'éphémère de ta vie.
Les mots enfants, famille,
Te semblent être le remède…
Ignores-tu encore
Que personne
Ne guérit de son enfance?
Rien ne dure :
Ni nos éclats de rire,
Ni nos larmes,
Seul mon amour pour toi
Persiste et signe,
Toujours!
Sète, août 1994.
___________________________________________________
L'ACCROCHE COEUR
LIVRET 10
- ACROSTICHES -
________________________________________________________________
Qu'est-ce que la nuit
Sinon l'ombre du jour?
Magnolia , 1994.
Joie qui s'immisce doucement
Entre nous.
Tu as pris mon cœur
Au creux du tien,
Imprimant nos tendresses fragiles…
Muets, nous percevons l'écho
Eloquent de notre silence.
Accrochés à ta vie
Ni les jours, ni les mois
N'ont de prise sur toi
Impassible jongleur.
Vertigineux acrobate,
Egrenant tes saisons,
Raccourcissant le temps qu'il te reste,
Sablier que tu retournes
A l'abri des ans.
Infidèle dompteur...
Rire de clown,
Eclat de cristal brisé…
Ballon de baudruche éclaté,
Orfèvre de la joie,
Ni sculpteur de la pluie,
Ni orpailleur de nos larmes,
Effeuille nos rires d'enfants,
Frêles et limpides.
Emporte nous
Très loin de nous, en terre de fête
Et de tristesse anéantie.
Au revers de
Mon cœur, à l'encre verte
Indélébile, reste une
Trace : nos
Initiales
Entrelacées
Sous la plume de l'amitié.
Trop loin
Encore du tien,
Nos cœurs oublient
De sourire.
Retour bientôt…
Et, doucement,
S'allumera la mémoire,
Se consumera la distance,
Eteignant la bougie de l'absence.
Sans toi
Auprès de moi,
Les jours semblent
Usés et inutiles,
Trop petits...
Aiguille qui s'affole,
Labyrinthe du cœur,
Aux quatre points cardinaux
Il y a ton prénom…
Nouvelle boussole de ma vie.
A l'abordage de ton cœur,
Le marin d'eau douce s'est lancé.
A l'abordage du mien,
Il t'invite… Et mon pavillon noir
Ne flottera plus qu'auprès du tien.
Au loin,
Le jour se meurt.
Incandescence du soir, qui
Nous rapproche et nous uni,
Eternité de l'instant…
Briser le silence,
Eclater d'un rire étoilé,
Nous rejoindre…
Ombre dissipée,
Il fait à nouveau chaud dans
Ton cœur de bronze.
Briser le charme
Et puis le recréer…
Ralentir patiemment
Nos deux cœurs…
Au plus profond
De nous, goutte à goutte,
Elixir qui s'écoule,
Tout en douceur…
Trop peu d'amour
Et tant d'espoir!…
Brouter les nuages
Ou s'y nicher,
Rêve d'enfant
Inaccessible qui
S'effiloche entre mes doigts.
Baiser brisé,
Râle du cœur
Insatisfait,
Gonflé de larmes
Interdites.
T'aimer,
Te le dire
Et le faire.
Frôler les étoiles,
Là-haut,
Où se perd mon regard;
Redescendre doucement
Et croiser tes yeux,
Noirs et étoilés
Comme cette nuit,
Et m'oublier en toi...
Frôler la perfection,
Recommencer encore!
Au revers de la lune, griffonner
Nos espoirs les plus fous!
Cueillir l'essentiel…
Indiscrètes étoiles!
S'endormir, sûr de réussir…
Inverser l'ordre de l'invisible
Sans croire au fatal.
Amis des astres,
Briser toute logique
Et allumer, par surprise,
La lune à midi,
Le soleil à minuit,
Et les étoiles dans tes yeux d'enfant.
Joyaux sont tes yeux,
Orfèvre du bonheur,
Et ils regardent rouler doucement
Les larmes outremer, sur les joues grises du ciel.
Je caresse ton cœur,
Où je le sais fragile
Et tu me réponds
Le mot douceur,
Le mot tendresse, qui
Exécutent toutes nos souffrances.
Jour et nuit
Unis à l'aurore,
Le soleil s'impose, peu à peu,
Incandescent…
Et les astres nocturnes
N'ont plus qu'à se fondre en coulisses!…
Lire au creux de tes yeux
Insoumis, ou tracer
Sur ton corps, le message
Arc-en-ciel de mon espoir...
Là-haut,
Où tu ne me vois pas,
Là-haut,
Arrive même l'impossible!…
Loin de toi,
Un frisson nous surprend,
Cœur caillou,
Intense et urgente
Envie de ton sourire.
Muette, mais souriante,
Absente sans l'être,
Rien ne te distraira…
Yin ou yang,
Sous l'écorce se cache l'arbre
Et cette paix est celle du chêne.
Mêler nos silences
Au bord de
Ton cœur battant.
Heureux?
Il nous faut l'être
Au moins une fois,
Sans jamais l'oublier.
Marcher près de toi
Inutiles paroles exorcisées;
Caresse du silence et
Harmonie de nos pas,
Eclatent nos cœurs,
Liés à tout jamais…
Marcher ensemble,
Isolés, mais pas seuls…
Choisir le chemin
Harmonieux du bonheur
Et ne plus le quitter.
Laisser les sables mouvants du doute
Et cueillir la douceur et la tendresse…
Nuages qui s'effilochent…
Incandescence d'un
Coucher de soleil…
Où vas-tu donc, toi que j'aime,
Lorsque le soir s'avance,
A l'heure où s'allument
Sous nos yeux les étoiles filantes?
Où sont-elles durant le jour,
Dormant en rond,
Invisibles mais présentes,
Les sublimes et mystérieuses
Etoiles qui guident nos pas?
Oh!
Dis-le,
Il ne nous reste que ta voix pour
L'oser, ce "je t'aime" interdit
Et crever enfin le ciel de l'écho de ta voix.
Sous le soleil ivre, titubant,
Allumant le ciel,
Regard de lune…
A l'orée de ta vie,
Hurle, encore, mon cœur.
Sur le chemin
Où je titube,
Pousse la mauvaise
Herbe et le caillou,
Indisciplinés, mais, pourtant,
Eclatants de soleil!
Sous tes pas,
Ombre qui se déchire,
Prise au piège…
Harmonie d'un matin
Irradiant de lumière,
Enfermée trop longtemps…
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L'ACCROCHE CŒUR 2
LIVRET 11
- INEDITS -
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A l'ombre du rosier
L'épine égratigne la main du poète
Ecorchure empoisonnée par la terre
Xérès ensanglanté sans sérum
A l'ombre du rosier
Niant la vie, le tétanos artiste
Dépossède les mortels de l'homme cueilli :
Rainer Maria Rilke gît sous la fleur de légende
Et pleure malgré lui des larmes de rosée.
Rodez, le 4 octobre 1998.
A l'instant brouillon
Le vent d'autan
Ebouriffe mes mots encrés d'ébène
Xylographe sans concession
Impassible artiste
Sculpteur chevronné et talentueux!
Rodez, le 5 octobre 1998.
Couleurs pastels
Harmonieusement mêlées
Réplique mensongère de la réalité
Imagination courbe et colorée jaillissante
S'envolant du pinceau de l'artiste.
Rodez, le 4 octobre 1998.
Chardons ardents
Y'a-t-il un petit Dieu égratigné
Riant de tout
Illusion colorée
Louant les cieux abandonnés!
Rodez, le 4 octobre 1998.
N'oublions pas la providence :
Au calendrier vendredi treize,
Trèfle à quatre feuilles
Hélant un fer à cheval
Avec sa patte de lapin
Les doigts croisés, touchant du bois
Impossible déveine
Emportée par les cygnes verts, conjurés de la chance.
Rodez, le 4 octobre 1998.
Petits prénoms qui s'enchaînent
A l'ombre des grands,
Sous les parents
Couvent les enfants
A l'abri des temps,
Lignée dans le sang, folle généalogie
Effeuillant nos ancêtres et leurs descendants.
Rodez, le 4 octobre 1998.
Refoulant le désir
Ombré de ton corps
Bredouiller quelques mots
Et m'enfuir très vite
Ravivant l'écorchure de n'oser
T'aimer que comme on cueille une pensée.
Rodez, 4 octobre 1998.
___________________________________________________
PARFUM DE FEMME
LIVRET 12
- INEDITS -
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Poèmes d'un jour
(Rodez, 2 janvier 1994)
A Sophie,
Qui a réussi à illuminer mes mots
Me ramenant vers l'optimisme
Qui me manquait depuis longtemps
Ces premiers pas d'un cœur
Encore titubant mais plein d'espoir
Rien que pour toi.
Magnolia
- Rodez, le 10 mai 1994 -
La peur
Du premier baiser
T'as mise en fuite
Cœur en déroute.
L'aveu
De ton désir
A mis mon cœur en route,
Métronome en panne
Qui n'attendait
Qu'un mot de toi
Pour se remettre
A fonctionner.
Ton envie
De me faire l'amour
Me touche
Au plus profond de mon être
Mais je ne sais pas
Comment apprivoiser
Les courbes de ton corps,
Les courbes de ton cœur.
Le cœur a ses raisons,
Le corps aussi.
Tout en douceur
Et en tendresse
Nous jouerons à l'amour
Et qui sait?...
Si je t'aime
Je t'aimerais
Telle que tu es
Avec tes qualités
Et tes défauts
En bandoulière,
Jusqu'à la sveltesse
De tes rondeurs
Qui saura m'émouvoir.
Révèle moi
Tes craintes et tes espoirs.
Révèle toi
Sans tricher,
Ecris-toi, pour moi,
A l'encre sympathique.
Je te devine anxieuse
Dans le silence de ton appartement,
Le cœur battant la chamade
A chaque sonnerie de téléphone,
Attendant en vain
Que ma voix
Ai suffisamment de courage
Pour te dire: "Viens!"
Mon cœur qui cicatrise
D'un précédent amour,
Cuisant échec sentimental,
A besoin de toute ta douceur
Et ta patience
Pour se remettre debout.
Après avoir caressé
Un corps
De presque encore petite fille,
Mes mains s'apprêtent
Et se font douces
Pour ton corps de femme.
Poète à tes heures,
Couverte de lauriers,
Te voici Muse
Sous ma plume
Qui se joue
De ton talent.
Comme une marque de lessive,
Que je précèderais d'un "H",
Je t'offre
"FORCE ET TENDRESSE"
Malgré mes lacunes
Et j'en espère autant
Car nous ne sommes pas
Des machines à faire l'amour
Quoi qu'on en pense,
Quoi qu'on en dise.
Sourires en coin,
Allusions déplacées,
Ricanements et quolibets
Ne sauront m'arrêter
Si tu es avec moi,
Ensemble nous les vaincrons.
Ose
Me dire tout ton amour,
Ose
Les mots les plus tendres,
Je saurais t'entendre,
Je saurais t'écouter
Et peut-être te répondre,
Répondre à tes attentes,
Même les plus secrètes...
Ces filles qui s'affichent
En couverture des magazines
Ne te donnent pas de complexe.
Toutes les femmes
Ne peuvent pas être
Roulées comme Miss Monde...
Heureusement!
Tu es mon antidote,
Celle qui me réconcilie
Avec les Grands peintres
Qui les préféraient
Aussi rondes que des pommes
A la chair savoureuse.
Je me voudrais dessinateur
Pour suivre les courbes de ton corps
De la pointe de mon crayon,
Je me voudrais sculpteur
Pour en graver le volume dans la pierre,
Mais je ne sais que les mots
Indigne hommage à ta beauté.
Derrière ton corps
Se dissimule ton cœur
Et toute ta sensibilité
Je ne m'arrêterai pas à l'apparence,
Je te veux toute entière.
On me disait poète de la déprime,
Tu as réussi à faire de moi
Le jongleur des mots d'amour,
Doux et tendres à la fois,
Rien que pour toi.
Ton cœur bat loin de moi
Je laisse un second message
Sur ton répondeur téléphonique.
La musique que tu as choisie
Me dit que, même absente,
Tu penses encore à moi
Et, loin de toi,
Je nous écris
Ces mots que tu n'entendras pas.
Le soleil
Sur tes cheveux blonds,
Le doux roulis de la mer
Qui suit le rythme de ton cœur,
Quelque part là-bas
Tu ignores
La chaleur de la neige
Quand on commence à aimer.
Je t'aimerais peut-être
Si tu ris de mes poèmes,
Si tu les trouves fades,
Si tu me contraries
Au point de m'arrêter
Dans mon élan créatif.
Je t'aimerais peut-être
Encore un peu plus fort...
Le jour qui finit
Me rappelle qu'il faut rentrer
A l'hôpital de nuit.
Ce soir encore
C'est la solitude qui m'attend
Mais, demain,
Peut-être seras-tu là
Nous serions enfin deux...
Poussière d'étoiles
(Rodez, 1994)
A Sophie
Qui a rallumé les étoiles dans mes yeux
Mis du bois au creux de mon cœur
Alimentant ainsi le feu créateur
D'où sont sorties ces pages
Qui lui sont toutes destinées
Puisqu'elle les a si bien inspirées.
Tendrement à elle.
Magnolia
- Rodez, le 21 avril 1994 -
Le nez collé à la vitre
Mes yeux à facettes
Se noient dans l'horizon.
De ce jour ne restera
Même pas l'ombre,
Elle disparaîtra
Dès que poindra demain.
Je ne sais pas la poésie,
Je ne l'ai jamais sue,
Je la réinvente simplement,
Juste pour toi...
Je cisèle les mots,
Pour que les plus beaux
Coulent en toi
Tout en douceur.
Parmi les embruns,
Je butine ton cœur
Pour créer de mes mains
Le miel brun du bonheur.
Ta pupille m’observe
Jusqu'au creux de ma voix,
Ton silence m'enveloppe et me rassure,
Je ne sais plus le poids de mes mots...
Je parcours le verger de l'enfance
Et je retrouve ta trace secrète
Jusqu'à l'ombre du premier cerisier,
Pour t'offrir ce bouquet de lilas mauve.
Petits plats que tu savoures,
Excellent café que tu dégustes,
Une Dunhill entre tes doigts
Volutes de fumée
Qui s'échappent entre tes lèvres,
Avec toi
Chacun des gestes de la vie
Prend une certaine classe.
Un papillon,
Posé sur tes lèvres,
Déploie ses ailes
Pour te donner
Ce long baiser
Et dépose un soupçon d'étamine
A la pointe de ton cœur,
Comme une première ride,
Juste avant de s'envoler
Amant éphémère...
Le jour même de notre rencontre,
J'ai fait un nœud à ma mémoire
Pour ne jamais risquer de t'oublier.
Quand la nuit nous a enfin réunies,
J'avais déjà ton profil
Tracé à l'encre violette
Au verso de mon cœur
Graffiti visible de moi seule.
Une larme bleue marine
Flotte dans tes yeux
A la bataille navale de l'amour
Ton navire prend l'eau.
"Lamentable" dis-tu
Mais, sans le savoir,
Tu apprivoises déjà mon corps.
Je rends les armes
Prisonnière volontaire
De la cage de tes bras.
Aime-moi,
Libre de n'être
Que ce que je suis.
De tes mains désarmées
Tu as pris mon cœur,
Otage aussi fragile
Qu'un coquelicot
Entre tes lèvres.
Je graverai l'écorce
Jusqu'à ce que l'arbre
Pleure des larmes sucrées
Et mêlerai ton sang au mien
En plongeant mes racines
Au plus profond de ta sève.
A la page sculptée de ton nom
J'ai corné mon cœur,
Orchidée et rose blanche
Tatouées au fond de mes yeux,
Pour que notre amour
Ne fane jamais.
Lorsque mon amour vacille,
Que le doute s'immisce,
J'effeuille mon cœur
Pétale après pétale
Et jusqu'aux feuilles
Pour retrouver sa force
Et m'entendre t'aimer
Toujours un peu plus fort.
De mes mains
J'encercle tes seins,
Comme grains de raisin
Gonflés de désir,
Tu es à la fois le cep
Aux veines battant sous mes doigts
Et la grappe juteuse
Que je porte à ma bouche
M'enivrant de ton plaisir
Qui s'égrène
Au plus profond de moi.
La sève de ton corps jaillit
De cet intime cœur à cœur
Et je me désaltère
A ta source secrète.
Mes doigts malhabiles
Déchiffrent sur ta peau
Un solfège nouveau.
Je lis en braille
Sur ton corps
Des notes inconnues.
Je t'apprendrais toute
Si tu m'en laisses le temps
Et je jouerais de toi
Comme un enfant prodige
Qui a grandi trop vite.
Au premier rayon de lune,
Je mords à pleines dents
Dans le croissant céleste.
De tes mains sablier,
Tu recouvres mon cœur
De poussière d'étoiles
Et apaises la brûlure
Du coucher de soleil.
La dernière des fées
Cravache une comète
De sa baguette magique,
La nuit
Plante ses éperons étoilés
Dans les flancs de la Terre
Et je m'endors
A l'ombre d'un "Je t'aime",
Juste au creux de tes yeux.
___________________________________________________
LIGNE DE VIE
LIVRET 13
- INEDITS -
________________________________________________________________
LIGNE DE VIE
Souviens-toi, si tu te bats
Qu'il te faudra te vaincre
Jusqu'au bout
Sans jamais baisser les bras
Même si un ami s'en va
Désertant ta vie tout à coup
Te laissant sans voix
Au cœur du combat
Sans un adieu
Comme un coup bas
Tu sais
La vie ne fait pas de cadeau!
Rodez, le 4 octobre 1998.
BORDER LINE
Ami
Laisses une chance à ma folie
Si tu ne comprends pas
Tolères au moins
Que je sois border line
Et non psychotique
Basculant
D'un côté à l'autre
Du champ acéré
De ma lame de rasoir
Parfois en équilibre
Sur son tranchant
Ami
Laisses une chance à ta folie.
Rodez, le 14 juillet 1999.
Tourner les pages
Jaunies de l'amitié
Chimère qui s'entête
A trahir ma fidélité
Espoirs déçus
Ne plus vouloir croire
Au rêve inaccessible
Tourner la page froissée
De ton amitié frivole
Instable et destructrice
Rester seule
Silencieuse mais plus forte
Une enfin unie
Continuer de croire en moi!
Rodez, le 21 janvier 1999.
L'amitié n'est que mensonge
Elle ne donne que des devoirs
Réciproques
Mais aucun droit.
Rodez, le 21 janvier 1999.
RUPTURE 1999
Je te quitte
Sans rancune ni amertume
Tu m'acquittes
Larmes à la une
Cœurs broyés
Par ce qui n'est plus
Qu'un meilleur souvenir
Désormais conjugué au passé
Notre amour sans ressource
Qui interdit tout passage à gué
Entre toi et moi.
Rodez, le 27 juillet 1999.
[A Sophie Olivia]
Au secours
Mon amour
Au pays du noir qui s'insinue
Je sinue
Nous nous sommes rejointes
A mi-chemin
Entre suicide et vie normale
Fragiles
Je t'aime
Bouteille à la mer
Pour tout S.O.S.
Rodez, le 14 juillet 1999.
Un lointain souvenir
S'essouffle en moi
Les traits de ton visage
Masqués par les années
Ta silhouette estompée
Par la distance infranchissable
Ton lointain souvenir
S'essouffle en moi.
Rodez, le 19 mars 1999.
Pour elle
J'aurais peint
Des horizon bleutés
A elle
Je ne laisse
Que mon silence en partage.
Rodez, le 6 août 1999..
Nous ne vivons
Plus rien ensemble
On n'appelle pas ça
Perdu de vue
On n'appelle pas ça
Tout simplement.
Rodez, le 21 juillet 2000..
Roman inachevé
Dépossédée de l'histoire
Que j'avais rêvée
Plus belle
Plus facile
Moins rude
Moins acide
L'histoire imparfaite
Que j'avais rêvée
Impossible à dire…
Frustration d' artiste!
Rodez, le 21 janvier 1999.
James Dean
S'est crashé
La légende continue
Et mon stylo-bille
Joue les géants lilliputiens
La Fureur de Vivre
Au centre
La Fureur de Vivre
Au ventre
Créer,
N'est-ce pas être condamné
A l'insatisfaction perpétuelle?
Rodez, le 21 janvier 1999.
Fin de siècle grisâtre
Deux guerres mondiales
Chasses aux sorcières
Innombrables.
Fin de siècle bradée
Les idoles au bûcher
Quelle part de rêve
Nous restera-t-il demain?
Rodez, le 21 janvier 1999.
Mes mots
Tournent et s'entêtent
A trop dire
Vérité qui dérange
Sincérité condamnée
Par le penser faux
Juge impitoyable
Qui voudrait bien
Me couper les mains…
Oser écrire encore!
Rodez, le 21 janvier 1999.
TABLE DES LIVRETS
PREFACE : BLEU DES ESPOIRS – SOPHIE OLIVIA
1 – A CONTRE PLUME
2 – GRAINE D'HOMME
3 – SIECLE 20
4 – MEMOIRES D'UN FANTOME AMNESIQUE
5 – AINSI SOIS JE
6 – BLESSURES
7 – TENDRESSE
8 – TRACES DE TOI
9 – PREMIERS AMOURS
10 – L'ACCROCHE CŒUR : Acrostiches
11 – L'ACCROCHE CŒUR 2 [Inédits]
12 – PARFUM DE FEMME [Inédits]
13 – LIGNE DE VIE [Inédits]
- Seconde édition -
REMERCIEMENTS TOUT PARTICULIERS A SOPHIE DELPECH QUI A ASSUREE LA FRAPPE DE CETTE ŒUVRE INTEGRALE
ET SANS QUI CET OUVRAGE N’AURAIT PAS VU LE JOUR. MERCI A TOI !
MAGNOLIA
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Monday, September 18, 2006
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